Le projet de ferme maraîchère
Aujourd’hui je pars en moto avec Pascal pour visiter la ferme expérimentale. Pascal a en charge la protection de l’environnement, la ferme maraîchère et le développement de l’apiculture. Au bout d’un chemin, au milieu de nulle part, nous franchissons une barrière grillagée pour atteindre un espace de 5 hectares dont 3 de friche végétale volontairement conservée dans laquelle sont placées 32 ruches : seules quelques-unes sont colonisées.
Pascal m’ explique que la déforestation volontaire est un véritable fléau : on abat les arbres, on récupère le bois, on brûle la terre et on peut alors cultiver du coton ou du maïs avec l’aide d’intrants chimiques … D’ici quelques années à ce rythme-là, la campagne aura disparu, la biodiversité fortement réduite et les femmes ne trouveront plus de bois pour cuisiner. Le projet de Jura-Afrique est de sensibiliser à ce risque et ses conséquences et de démontrer qu’il existe d’autres pratiques et formes d’agriculture.
Quant aux 2 hectares restants, il sont actuellement à l’état de friche en vue de créer une exploitation maraîchère. Le dessin du jardin est en cours de réalisation, à soumettre au Conseil d’Administration. Quelques arbres ont été plantés pour leurs « vertus médicinales » : le neem et le moringa.
Un forage donne de l’eau qui alimentera le prochain bassin de pisciculture : l’eau devra être changée régulièrement et pourra être utilisée pour arroser les prochaines cultures. Celles-ci seront enrichies en fientes issues de l’élevage de poules de la ferme avicole.
Le bassin piscicole est en cours de construction : petits soucis de coordination entre maçon et plombier … pendant que je me fais littéralement dévorer les jambes ! J’ai eu la mauvaise idée de mettre un short : des petits moucherons me collent à la peau. Des petits points rouge apparaissent : le soir venu ce seront des boutons tels une varicelle !!
Le projet est ambitieux. Il paraît évident que les moyens humains vont manquer. J’évoque avec Pascal la possibilité d’avoir recours à des jeunes sans emplois ou des stagiaires issus des formations agricoles ou aux femmes dans un souci de solidarité : Jura-Afrique a la terre et la direction mais pas les forces vives et celles-ci n’ont pas de revenus … Elles pourraient à la fois se former et récupérer une partie de la production. Pascal retient l’idée également pour l’association qu’il a créée dans sa commune avec d’autres jeunes issus de la même formation. J’aurai plus tard dans mon séjour l’occasion de visiter sa propre ferme : http://www.alarencontredelhorizon.fr/2018/09/23/materi-:-le-projet-entrepreunarial-de-pascal/(ouvre un nouvel onglet)
La ferme avicole
J’ai ensuite rendez-vous avec Nicolas pour visiter l’élevage de poulets et de poules pondeuses qu’il a monté depuis 5 mois. Sa mission consiste à former des jeunes au soin des volailles afin qu’ils aient leur propre élevage, la ferme servant à la fois d’unité de production et de centre de formation/application. Ses poussins sont issus d’oeufs fécondés importés de Belgique : ils sont nés à l’arrivée à Cotonou et ont ensuite parcouru les 800 km de route occasionnant pas mal de pertes. Il explique qu’il va devoir faire des croisements avec la race locale : celle-ci donne des poulets dont la croissance est assez rapide mais de qualité gustative insuffisante. Nicolas compte s’appuyer sur African Parks, nouveau gestionnaire privé du Parc de Penjari, pour écouler sa production de « bons » poulets et d’oeufs.
Nicolas a par ailleurs sa propre exploitation située dans une autre commune pour laquelle il a des employés. Il a perdu une grande partie de son élevage il y a quelques années et a réussi à le remonter. Toutes les sources de revenus comptent. Il est ici pour transmettre, donner l’exemple, inspirer les jeunes.