Après 3 semaines à Tanguieta avec l’équipe de Jura Afrique, me voilà de retour au sud du Bénin, à Cotonou, pour 3 jours avant de rentrer en France. Ange est mon guide : on commence par faire le plein. Ici, pas de pompe à essence : l’essence se vend au bord de la route dans des bouteilles … Elle est issue d’un commerce avec le Nigéria et est bien sûr de plus ou moins bonne qualité.


Abomey
La première étape est Abomey, siège de l’ancien et puissant royaume de Dahomey, fondateur du Bénin. Il va me falloir faire preuve de beaucoup d’imagination : je vois principalement des enceintes, des portes autrefois majestueuses, des toits en tôle … Fort heureusement Ange a prévu une visite guidée dans le musée pour que je puisse voir des bas reliefs qu’il ne m’a cependant pas été permis de photographier. Faute de moyens, le site est mal protégé et peu mis en valeur. Autrefois les toits étaient en chaume : les tôles ont remplacé le chaume pour limiter le risque d’incendie. En effet, en été, des feux sont allumés par des jeunes pour faire la chasse aux rongeurs et les étincelles menaçaient d’embraser la citée. Quant au guide, j’ai eu du mal à le suivre : j’avais l’impression d’écouter un prédicateur ! Il parlait vite et fort sans s’arrêter, comme s’il y avait une assemblée derrière moi.
Un peu plus loin, nous nous rendons dans un centre vaudou. Le Bénin est la terre d’origine du culte vaudou qui est encore fortement ancré dans les meurs et la vie sociale. 20% de la population pratique cette religion à côté de la religion catholique ou musulmane. La principale croyance de ce culte animiste est de croire en une force vitale, une âme qui anime êtres vivants, objets et éléments naturels.

Ange a prévu de faire étape chez Edith : elle m’accueille chaleureusement dans sa maison d’hôte qu’elle a monté et gère seule. Je profite d’une salade de crudités et de crêpes au petit déjeuner. Cela fait 3 semaines que je me désespère de ne pouvoir manger des légumes : de la pâte sous toutes ses formes que l’on mange les doigts trempés dans de la sauce nous est servie partout, mais aucun légume cru ni légumes cuisinés (à part parfois avec Bio). Pâte de maïs, pâte d’igname, pâte de fonio, pâte de manioc … Mais où sont les légumes ? Un luxe apparemment. Le sud du pays bénéficie cependant d’un climat plus favorable et c’est cette partie du pays qui fournit la majorité de la production vivrière.

Sené, Potossomé et Grand Popo
L’étape du jour nous rapproche encore plus de la frontière avec le Togo.
Nous nous arrêtons à Sené, pour visiter un atelier de poterie : la région est riche en argile. Nous traversons un marché : j’ai toujours beaucoup de plaisir à découvrir les étalages et observer les vas et vient.




Les enfants sont très beaux et adorent se faire prendre en photo. Maxelline me fait découvrir son métier, sa technique, son parcours … Elle est déjà allée en France pour se former et accueille dans son atelier des groupes venus d’Europe. Elle est fière de sa réussite.

L’étape suivante est Possotomé, connue pour sa source d’eau, située au bord du lac Ahémé : on prend un plat de poisson et de riz, comme presque tous les jours, qu’on partage tellement l’assiette est copieuse. Il y a très peu d’activité : le Bénin n’est pas un pays touristique et nous sommes en basse saison.


Et voilà enfin, en fin de journée, Grand Popo, LA station balnéaire du Bénin … sans touriste ! Je vous épargne la visite des palaces africains, tous plus mal finis les uns que les autres. Rien de tel qu’une chaude lumière de fin de journée et une vielle pirogue pour enchanter cette soirée …





Ouidah et la Route des Pêches
Notre périple sur la côte sud du Bénin, le long du golfe de Guinée, nous amène aujourd’hui à Ouidah. C’est un lieu chargé d’histoire : c’est de là que partaient les esclaves, entassés comme des sardines dans les cales des navires partant pour le Brésil. Nous empruntons la route des esclaves : on passe par l’arbre sous lequel se tenait le marché, par l’arbre autour duquel les esclaves devaient tourner 7 fois afin d’être désorientés puis enfermés dans une case pendant 1 à 3 semaines avant le départ pour s’assurer de leur résistance, puis par la piste de 3,5 km en plein soleil menant à la plage. Aujourd’hui, une porte a été érigée en commémoration des 7 millions d’hommes, femmes et enfants qui sont partis ainsi. Moins de la moitié sont arrivés à destination.

Nous poursuivons par la fameuse Route des Pêches qui permet de rejoindre Cotonou. Une piste longe sans fin la côte, bordée parfois de palmiers et de cases de pêcheurs.

Les pirogues sont de retour de la pêche : j’ai le privilège d’assister à un magnifique spectacle haut en couleur … Ange m’indique de faire attention. Il ne souhaite pas que je m’approche trop près des pêcheurs. Rares sont ceux qui acceptent d’être photographiés. Impossible de résister à cette envie de m’approcher au plus près …




Ganvier
Pour finir cette magnifique journée, nous allons visiter le village lacustre de Ganvier, la Venise de l’Afrique. Plus de 35 000 personnes vivent sur l’eau, principalement de la pêche, dans un habitat constitué principalement de tôles et de bois sur pilotis. Tout cela a l’air bien brinquebalant …
Le marché Dantokpa à Cotonou
Mon périple béninois se termine au plus grand marché du pays, plaque tournante du commerce de tissu pour cette région de l’Afrique. Les étalages de cadavres d’animaux séchés pour les rites et la médecine vaudou sont la principale attraction pour les européens : pas de photo sans autorisation ni un petit billet.


Avant de le quitter définitivement, mon guide, en remerciement, me demande de lui laisser quelques tablettes de paracétamol : il soulage ainsi ses crises de paludisme. Le jour où je reviendrai au Bénin ou si un autre projet humanitaire m’amène au Togo, je saurai qui appeler pour me guider et m’héberger.