De Stavanger à Bergen

Une étape vertigineuse …

Je commence mon périple norvégien de 4 semaines par le sud. J’ai pris un vol en fin de journée pour Stavanger via Copenhague. J’ai passé la nuit à l’aéroport dans l’attente de ma correspondance, pour finalement la rater, résultat d’un concours de circonstances malheureux : ma montre, que je n’utilisais plus depuis de nombreux mois, a affiché une heure incorrecte et la porte d’embarquement a été changée … Je me suis réveillée ½ heure trop tard : je n’ai pas eu d’autres choix que d’attendre le vol suivant, ½ journée de perdue ! J’avertis la compagnie de location de voiture qui fort heureusement peut m’attendre.

Du coup mon temps de visite à Stavanger se réduit à un petit tour de voiture : je découvre surtout le quartier historique avec ses belles maisons blanches en bois et file prendre le ferry pour Tau. La chance revient : je suis bien dans les temps pour attraper le dernier. En l’attendant je contacte le refuge de Preikestolen et je m’offre une bonne nuit dans une petite maison toute en bois avec son toit couvert de mousses, bruyères, graminées, fougères et même un pin nain !

Refuge de Preist

A l’intérieur tout est en bois peint en blanc ou gris clair : dans mon dortoir pour 4, nous ne sommes que 2. Une cuisine est à disposition mais je n’ai pas eu le temps de faire des courses.

Le restaurant du refuge est bien accueillant et là je commence à prendre conscience des prix locaux : 10 € la soupe ! Un plat de spaghettis fera l’affaire en prévision de demain et au lit.

Je profite du buffet du petit déjeuner pour faire le plein de protéines et c’est parti pour ma première randonnée !

Preikestolen

4 heures de marche aller-retour vers cette falaise en forme de plateau surplombant le Lysefjord de 604 mètres de haut.

Preikestolen

La plateforme est un carré plat de granit de 25 mètres de côté tombant à pic dans les eaux du fjord. J’ai l’impression d’être une petite fourmi sur une table ! Aucune protection n’a été rajoutée au bord de la falaise. Chacun attend son tour de photo en faisant la queue : tout le monde est discipliné. Une famille belge derrière moi me propose bien vite de me prendre en photo. Le ciel est un peu trop encombré de nuages pour profiter de la couleur verte des eaux de ce fjord.

Sur le chemin du retour, inspirée par un petit lac à l’écart du chemin, je me pose pour une séance de méditation. Ce plein de sérénité va être fort utile car …

La tuile du jour est « gratinée »

J’avais remarqué hier que je ne pouvais ouvrir le coffre de ma Ford Focus qu’à l’aide d’un bouton situé sur la clé : l’ouverture des autres portes, n’ouvre pas le coffre et il n’y a aucun bouton au niveau du tableau de bord. Le louer ne m’en a rien dit : je l’ai appris par Google.

Après avoir changé de chaussures, je ferme le coffre et … mais où sont mes clés ? Le coffre ne peut plus s’ouvrir ; les portes elles sont bien ouvertes ; le démarreur n’identifie pas la clé ; je fouille le coffre par les sièges arrière ; pas de clé ; je fouille mes poches et regarde au pied de la voiture ; pas de clé … Un couple âgé passe par là et m’aide à chercher. Il m’indique qu’il existe des assurances et des services de dépannage routiers. J’essaie de contacter le loueur mais on est dimanche et il ne répond pas.

Soudain un jeune norvégien me propose son aide : il est responsable des activités outdoor du refuge. Ouf ! Il cherche partout un bouton pour ouvrir autrement le coffre : appelle Ford ; appelle le service d’aide à distance ; rien ; c’est ce que j’avais vu hier sur Google : c’est un défaut de conception de ce modèle !

Je pense que la clé est cachée entre la porte du coffre et le plancher du coffre : d’ailleurs je vois un petit bout du porte clé qui dépasse. On essaie avec des pinces mais on n’y arrive pas : elle est enfoncée dans un creux … Finalement il réussit à faire venir une dépanneuse : on espère pouvoir soulever suffisamment la porte du coffre pour pouvoir retirer la clé sans tout casser surtout … Et la solution c’est … des coussins gonflés avec une pompe à main ! Sauvée ! Et l’addition ne devrait pas être pour moi vu que je n’ai pas perdu la clé … affaire à suivre à Trondheim. 2 pépins en 2 jours … et ce sera quoi le 3ème ? Je remercie chaleureusement mes dépanneurs et prend la route pour Odda.

Hardanger

Les nuages se sont dissipés et une chaude lumière du soir m’accompagne pendant les 5 heures de voiture : je passe des vallées aux fermes en bois peintes en rouge, parfois en jaune, des vergers, des fjords, des « hyttes » petites maisons de pêcheurs plus modestes aux toits herbeux et situées les pieds au bord des fjords. Odda est une ville industrielle avec quelques ruines et des usines : elle a été au cœur du développement économique de la Norvège à l’époque du développement des centrales hydroélectriques. C’était également un bon port pour les bateaux à vapeur. Je me trouve un plat de pâtes à la bolognaise à manger rapidement dans un restaurant très moyen et me mets en quête d’un emplacement pour dormir. A l’auberge de jeunesse et à l’hôtel de Tyssedal il ne reste que des chambres assez coûteuses. Je décide de me rapprocher du point de départ de ma randonnée du lendemain : une maison accepte que je plante ma tente dans son jardin. J’inaugure ainsi mon dernier achat chez Decathlon. Mission accomplie !

Trolltunga

8 heures de marche – 22 km. Je pars à 6h du matin pour atteindre cet éperon rocheux emblématique de la Norvège 4 heures plus tard en ayant monté 1100 mètres !

Au dessus des nuages
Lacs, tourbières et fleurs surgissent de la brume
Si paisible

Fourbue, heureuse mais un peu déçue car les nuages bouchent la vue … Personne ne résiste pour autant à une photo sur la langue du troll ! Les nuages évitent de voir le vide en dessous de nous mais là encore, tout le monde est calme et discipliné.

A chacun son Everest 🙂
La langue du Troll dans les nuages domine le fjord du haut de ses 1100 mètres

Sur le retour, le soleil pointe son nez : je suis partie trop tôt ce matin … J’en profite pour me choisir un spot de méditation devant ce paysage grandiose. De là-haut j’ai une vue à 180° pour embrasser un bras seulement du fjord.

Mon spot de méditation

La descente est assez longue mais sous le soleil : je regrette d’avoir oublié les bâtons de marche pour une si longue et éprouvante journée, ils m’auraient bien allégée … A l’arrivée je me jette sur une pizza comme encas : faute de magasins ouverts, je vis sur mon stock de barres de céréales et abricots secs que j’ai fort heureusement ramenés de Paris. Puis je reprends la route en direction de Bergen après avoir fait quelques courses à Odda.

Hardangerfjord

Je longe le Hardangerfjord par une petite route sauvage en quête d’un point de chute pour la nuit. L’hôtel historique de Utne étant complet, je poursuis ma route et arrive devant un camping à la ferme très tranquille au bord du fjord à Herand, le Vassel Gard. Un vent frisquet souffle : aussi, quand la vieille dame de l’accueil, me voyant seule, me propose une chambre dans sa maison juste au-dessus pour 2 fois moins cher que la nuit sous tente de la veille, j’accepte sans même voir ce qu’il en est, trop pressée, d’avoir une bonne douche après avoir bien sué et être couverte de crème solaire.

Pittoresque et authentique à souhait ! Même l’appartement de mes grands-parents à Marseille n’était pas aussi vieillot … j’ai l’impression d’être au siècle dernier !

Nuit chez l’habitant
Herand – Vassel Gard

Au petit matin, le vent s’est calmé : tout est paisible. Des enfants se baignent dans le fjord. Je reprends la route, passant de vergers en vergers, des cerises à vendre sur le bord de la route, des petits villages blottis dans les creux de la côte, de vielles maisons en bois peintes, des beaux chalets modernes avec d’immenses terrasses en bois à la vue imprenable, des points de vue magnifiques et très peu de monde.

Ambiance zen
Vergers de Hardangerfjord
Blanc, jaune et rouge

Le blanc des maisons norvégiennes est la couleur la plus populaire, signe extérieur d’une certaine richesse. Le rouge était la moins chère à produire : on la trouve surtout sur des granges. Elle était créée en mélangeant de l’ocre avec de l’huile de foie de morue. Le jaune était un peu plus chèr que le rouge.

Ici je suis vraiment loin des touristes. La pluie s’impose tandis que j’attends le ferry de Jondal pour Torvikbygd.

Bergen

J’arrive en milieu de journée sous un ciel gris mais fort heureusement sans pluie. J’enfile vite un casse-croûte et me voilà partie à la découverte de cette magnifique petite ville classée au Patrimoine mondial de l’Unesco pour son quartier historique hansénique. 2ème ville et port de Norvège.

Je tombe très rapidement sur son marché aux poissons : saumon sous toutes les formes, poissons frais divers et variés, crabes géants, oursins, huîtres … un régal pour les yeux et les papilles ! Les stands ne manquent pas pour se restaurer de tous ces produits extra frais vendus par des marchands italiens, espagnols : cherchez l’erreur ? J’achète une belle portion de saumon fumé pour mes pique-nique des prochains jours : pratique, il se conserve une semaine sans être au frais.

Marché aux poissons
Le saumon est roi
Et même le dessert

Je poursuis jusqu’à Bryggen, le quartier hansénique où étaient installées les conserveries à l’époque où les allemands dominaient les lieux.

Bryggen : quartier hansénique

Les marchands logeaient et géraient leurs affaires à l’étage et entreposaient leurs marchandises au rez-de-chaussée. Les maisons sont en bois toutes serrées les unes contre les autres avec d’étroits passages entre elles. Je me régale dans les coursives à regarder le travail du bois et quelques points de vue sympathiques s’offrent à moi pour encore plus de photos.

Dans les coursives

Après les grands espaces de ces derniers jours, j’apprécie vraiment l’animation des quais.

Quand la pluie se met à tomber drue, je retourne à ma voiture en passant par quelques rues pavées bordées de belles maisons de bois bien colorées et fleuries.

Je quitte la ville en direction de Vik. Bien que la nature soit de toute beauté par ici, entre lande, tourbières et lacs d’altitude, la pluie me dissuade de planter ma tente. Dommage mais je n’ai pas dit mon dernier mot …

Une cabine au sec bien typique

L’expérience pittoresque du jour c’est le « hytter » rustique au toit herbeux à prix tout doux du camping Tistel ! Certes il manque l’eau courante mais au moins je suis au sec et vais enfin pouvoir vous donner des nouvelles de mes 4 premières journées en Norvège.

Mon premier « hytter » tout herbeux
Un air des pays de l’Est …
Sans son duvet et sa vaisselle pas de salut