Impressions du bout du monde
La Norvège m’a accueillie sans prévenir en ce mois d’août 2019 et m’a réservée de très belles surprises. Si j’avais 2 mots seulement pour définir cette destination telle que je l’ai perçue je dirai EAU et DEMESURE.
L’EAU est omniprésente : impossible d’y échapper. Venue du large, elle s’engouffre dans la terre creusant désespérément des avancées profondes tels d’interminables bras. Venue du ciel, elle l’assombrit, verdit les paysages et rince le randonneur. Figée dans les glaciers, elle entaille, rabote, sculpte le relief. Elle s’échappe limpide en dévalant les parois rocheuses des falaises et abreuve les tumultueuses rivières. Plus calme, elle parsème des paysages d’une multitude de pastilles tantôt marines tantôt turquoises. Impossible de l’oublier : elle est partout.
Il m’est arrivé de repenser à Tanguieta au nord du Bénin, à tous ces villageois qui ne reçoivent de l’eau du ciel que 5 mois par an alors que le reste de l’année l’harmattan souffle un air chaud et sec chargé de poussière à plus de 40 degrés. Injustice flagrante : on ne choisit pas où on naît et on échappe difficilement à sa condition …
La Norvège c’est aussi la terre des géants, la DEMESURE de DAME NATURE. Les côtes se déploient sur 2500 kms du nord au sud, ponctuées de fjords et d’une multitudes d’îles. Au total c’est plus de 50 000 îles et 83 000 kms de littoral, plus de 3000 glaciers sur 2600 km2, les plus grands d’Europe Continentale … Démesure des falaises qui plongent dans les fjords, démesure des cascades qui déchirent ces parois, démesure des fjords et glaciers à la fois accessibles et si proches de la mer, démesure des vues panoramiques une fois gravies les pentes escarpées des montagnes, démesure des fragiles cabanes sur pilotis, vaguement arrimées à la côte, démesure de ces installations qui reçoivent les morues et consœurs pour un séchage naturel au soleil …
Quant à la la faune, elle est peu visible et c’est bien dommage : nous avons croisé et reconnu l’huitrier pie et le lagopède des saules dans les Lofoten. Je n’ai pas eu l’occasion de voir des boeufs musqués : on peut les observer dans le Parc national Dovrefjell.


L’accès à la nature est un droit constitutionnel en Norvège : oui elle est là, pour tous, autant qu’on veut. Randonnez, bivouaquez, grimpez en haut de tous les sommets et jouissez d’être là, juste là, tout simplement, dans ce grand bain de sérénité.
L’itinéraire et l’esprit du voyage
La Norvège étant avant tout une destination nature, j’ai organisé mon voyage de telle sorte à en profiter au maximum. J’ai choisi de louer une voiture afin d’accéder librement à chaque site naturel remarquable et ai campé la plupart du temps. Circuler en camping car c’est à mon avis le meilleur moyen de découvrir le pays : il permet de s’arrêter librement et de faire face à tout moment aux conditions météo bien changeantes. Il permet aussi d’économiser sur les budgets logement et restauration. Malheureusement sa location est bien chère mais si on a le sien, alors, on accède au paradis.
Je suis allée de Stavanger aux Iles Lofoten en passant par tous les fjords du Sud et de l’Ouest. J’ai découpé mon itinéraire en 2 parties : 2 semaines pour aller de Stavanger à Trondheim soit près de 1500 km et 2 semaines sur les Iles Lofoten en prenant un vol de Trondheim à Bodo puis un ferry de Bodo à Moskenes.
- J1 Etape Oslo – Stavanger – Preikestolen
- J2 Lysefjord – Randonnée à Preikestolen
- J3 Etape Preikestolen – Trolltunga
- J4 Randonnée à Trolltunga
- J5 Etape Trolltunga – Bergen – Vik : Hardangerfjord
- J6 Etape Etape Vik – Gjendesheim : Eglises de bois debout d’Hopperstad, Borgund, Urnes, Sognefjord, Jotunheimen NP
- J7 Randonnée de Besseggen – Stryn
- J8 Geirangerfjord
- J9 Trollstigen – Randonnée de Rampestreken
- J10 Randonnée de Romsdalseggen – Dombas
- J11 Etape Dombas – Trondheim : route de l’Atlantique
- J12 Trondheim
- J13 Trondheim
- J14 Etape Trondheim – Bodo – Moskenes
- J15 à J27 Iles Lofoten
- J16 Baie de Kvalvika et sommet de Ryten + Pic de Volandstinden
- J17 Narvtinden
- J18 Himmeltindan
- J19 De Nesland à Nasfjord
- J20 De Mortsund à Einangen
- J21 Matmora
- J22 Steinetinden et Nubben + Sommet de Blatinden
- J23 et 24 Pluie 🙁
- J25 Sommet de Munkan
- J26 Sommet de Veinestinden
- J27 Brunakseltinden
- J28 Etape Moskenes – Oslo – Paris

La partie sur les Iles Lofoten a été exclusivement consacrée aux randonnées qui demeurent le meilleur moyen de découvrir cet archipel. Rien de tel que de s’élever pour dominer l’immensité et prendre la mesure du relief. Le guide Randonner aux Iles Lofoten de David Souyris et et Magdalena Brede est une référence en la matière. Des conseils pratiques fort judicieux et 60 randonnées à la journée sont présentées de tout niveau de difficulté et longueur. Il s’est avéré totalement fiable. Nous n’avons pas utilisé de cartes papier.
Je n’avais rien réservé d’autre à l’avance que mes vols et locations de voiture. Je n’ai jamais rencontré aucune difficulté pour me loger. Quand la météo s’est montrée capricieuse, j’ai pu, au dernier moment trouver des hytter à louer dans les campings afin de me mettre au sec.
D’une manière générale, il est difficile de camper au pied des fjords : soit on se trouve dans des zones urbanisées soit le relief est très vite pentu. Les plus beaux endroits se situent en altitude, là où les lacs et les rivières réservent des plages, un accès à l’eau et un isolement propice à un profond ressourcement. Tout cela en totale sécurité. Aux Iles Lofoten, il est en plus possible de camper sur de magnifiques plages.
Il faut être prêt à toutes les conditions météo. Une tente résistant au vent et à la pluie est absolument indispensable avec un bon duvet. Pour randonner dans toutes les conditions : une veste coupe vent et pluie type gore tex , une cape de pluie, des sous vêtements en mérinos pour réguler la température et la transpiration, des doudounes fines et moyennes et des bonnes chaussures de randonnée les plus étanches possible.
La plupart des gens que nous avons croissé voyagent en voiture et ont dans leur coffre tout le nécessaire pour cuisiner : réchaud, popote, eau et courses alimentaires. Il est facile de trouver des épiceries ou supermarchés et les restaurants étant hors de prix, c’est un bon moyen de limiter son budget et d’être autonome.
Si c’était à refaire …
Je changerais de mode de transport – j’opterais pour un van aménagé – et je partirai plus tôt dans la saison. La saison estivale s’arrête le 15 août dans les Lofoten et ce n’est pas pour rien : on a noté un changement de météo sur la fin de notre séjour avec plus de pluie qui complique tout.
Et si on rêvait un peu, pour la prochaine fois …
Les Lofoten sous la neige et au printemps quand les morues sèchent, les boeufs musqués et poursuivre encore plus au nord. De Bodo, il reste encore 1300 km pour atteindre l’extrême nord de la Norvège, à la frontière avec la Russie et la Finlande. Enfin l’île de Svalbard dans l’océan arctique située au-delà du cercle polaire arctique tout près du Groenland.
