Au moment où nous prenons des virages dans notre existence

Au moment où nous prenons des virages dans notre existence (changement de vie, prise de conscience, événement traumatisant, etc.), il faut toujours renoncer à une partie de nous-même. La seule autre possibilité, c’est de ne pas progresser du tout sur le chemin de la vie. Le renoncement à certains traits de personnalité, à des idéologies est douloureux. Quand on évolue, on abandonne une partie de son ancien moi. Le sentiment associé au processus de renoncement à quelque chose d’aimé, c’est la dépression. Puisque les êtres humains doivent évoluer et que l’abandon de l’ancien moi fait partie de l’évolution, la dépression est un phénomène normal et sain, à part pour les personnes s’accrochant aux choses pour éviter la douleur du renoncement. ⁣

Les gens veulent redevenir comme avant, ils ne savent pas qu’ils ne le pourront jamais. Mais l’inconscient, dans sa sagesse, le sait. Et c’est justement parce qu’il sait que ce « comme avant » ne peut plus fonctionner que le processus d’évolution se met en route. Bien des gens ne veulent pas souffrir la perte de leur mode de vie périmé. En conséquence, ils s’agrippent à leurs vieux modes de pensée et de vie, n’évoluant jamais vraiment. ⁣

La douleur du renoncement est la douleur de la mort, mais la mort de l’ancien et la naissance du nouveau. Tout au long de la vie, il faut apprendre à vivre mais aussi à mourir. Une façon de mesurer la grandeur de quelqu’un, c’est mesurer sa capacité à souffrir. Mais l’évolution rend la souffrance moins vive car une fois la souffrance complètement acceptée, elle cesse d’être douloureuse. ⁣

C’est en renonçant à leur moi que les humains peuvent trouver dans la vie la joie la plus solide et la plus durable.

Extrait de « Le Chemin le moins fréquenté » de Scott Peck