Santiago, l’île africaine

Tout a commencé ici en 1460 à l’arrivée des Portugais puis des esclaves dont le mélange a donné naissance au peuple cap-verdien. Santiago reçoit les émigrants du continent africain. On y trouve les plus anciens vestiges des îles, en particulier l’ancienne capitale, Cidale Velha classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco. Grande et mieux lotie en eau que d’autres îles, elle est aujourd’hui le jardin du Cap-Vert : on y pratique la culture du mais, de la canne à sucre, de la banane ainsi que l’élevage et la pêche. Ses paysages sont variés.

J’ai traversé l’île de Praia, capitale du pays, à Tarrafal, du Sud au Nord par la route qui passe par le centre de l’île puis suis retournée sur Praia par la côte Est.

Porto Mosquito & Ribeira da Barca

Dans ces petits villages de pêcheurs, j’ai eu la chance de vivre des moments intenses : j’ai observé des hommes remontant des filets à bout de bras, nombreux, en force, sur des embarcations rustiques, de grandes barques en bois peint de vives couleurs munies de rames. J’ai assisté à Tarrafal à l’arrivée de moteurs Yamaha manifestement subventionnés, un élu était alors interviewé. C’était comme si le père noël venait de passer ! Pour la plupart les conditions de travail sont apparemment plus que rudimentaires.

Le poisson est débarqué et partagé sur le quai : les femmes sont en charge de la commercialisation au marché. Aucune transaction financière n’est visible. Je m’amuse à observer les tenues des femmes : allant de la robe sexy aux blouses qui me rappellent celles de mes grand-mères, sans oublier les coiffes africaines voire les gros bigoudis ! Elles portent sur leur tête des bassines de poisson avec une grâce et un équilibre qui me laissent perplexe …

Pendant ce temps, dans ce village de Ribeira da Barca, des enfants tout sourire, jouent sur des filets de pêche et m’appellent pour une séance de photos qui les fait rire. Cette petite fille à l’air espiègle était à croquer.

Serra Malagueta & Boca Entrada

Une randonnée dans le Parc naturel Serra Malagueta en compagnie de Monica, une suédoise avec laquelle j’ai sympathisé, nous donne un aperçu plus verdoyant que ce que nous observons par ailleurs. Le coeur de l’île est un immense canyon constitué de profondes vallées au fond desquelles la présence de l’eau permet d’irriguer quelques champs. Un immense dragonnier surplombe de sa haute silhouette de fraIches plantations. Les plants de canne à sucre sont en cette saison secs comme tout le reste : la terre domine, jusqu’au pied des maisons. Sur les hauteurs, seules quelques Aloès Vera en fleur, égayent cette nature austère. Cette variété donne des fleurs d’une étonnante couleur jaune tandis que les feuilles bien grasses sont de couleur terre, presque camouflées. En arrivant sur Praia, une oasis plus vaste est propice à de plus grandes plantations maraîchères.

Ribeira da Prata

J’ai passé de très bons moments en compagnie de Monica et Sandrine, voyageant également en solo. De beaux échanges bien inspirants sur nos parcours de vie. Sur la plage de Ribeira da Prata, adossées à une barque de pêche, à l’abri du vent, nous sympathisons avec Luis. Il a créé le camping Tortuga, quasiment sur la plage, à l’abri de grands arbres. L’endroit se prête magnifiquement à cette activité. Luis marche avec une béquille suite à un accident de moto. Avec en plus le départ de sa compagne, son établissement est littéralement comme en panne. Il nous le fait visiter : un endroit idéal pour un plan entre copains les pieds dans l’eau mais qui a effectivement besoin d’une nouvelle décoration et d’un peu de soin. Du potentiel … Il propose à Sandrine de le lui vendre ou de le tenir avec lui ! Il est également guide mais incapable d’exercer dans son état. Quand à sa famille, elle vit en région parisienne, comme de nombreux cap-verdiens. Il est touchant. Sur toutes les plages en fin de journée, un groupe d’hommes joue au foot. La soirée se termine en musique à Tarrafal.

Ce sont les rencontres qui marqueront mes souvenirs de Santiago, ceux animés au retour de pêche, ceux avec ces beaux enfants souriant, ceux intimes avec mes compagnes de voyage, ceux émouvant avec Luis. L’île m’a parue par ailleurs austère, terriblement sèche. Le ciel a souvent été jaunâtre, comme chargé de poussière venue du Sahara.