Contrastant avec la noirceur minérale et la rugosité brutale de Fogo, Boa Vista est lumière, blancheur, courbes adoucies. Ile la plus proche du continent africain, distante de 500 km, elle s’en inspire avec ses dunes dorées et ses plages immaculées ourlant l’océan. Avec ses quelques oasis, palmiers et dattiers, le Sahara n’est pas loin. Les précipitations sont infimes.
Au Nord, les hauts fonds et récifs ont eu raison de bateaux qui sont venus s’échouer laissant d’énormes carcasses rouillées éventrées.


Au Sud, ce sont des kilomètres de plages désertes d’une blancheur incroyable qui font aujourd’hui le bonheur de kitesurfeurs venus chercher un vent omniprésent et quelques rouleaux pour s’envoler.

Sal Rei arbore quelques édifices défraichis témoignant de sa grandeur passée avec ses maisons de commerce et ses bâtiments coloniaux datant du XVII ème siècle, époque où les salines constituaient une activité importante. Au XVIII ème siècle c’est l’industrie textile qui prend la relève avec la production de coton. Aujourd’hui la ville vit essentiellement de la pêche qui reste très artisanale et du tourisme.





J’ai parcouru l’île en grande partie en quad, moyen de transport le plus économique et capable d’accéder en toute autonomie aux pistes ensablées. Je suis pourtant bien loin d’être une fan de ce genre d’engin mais je dois reconnaître que je me suis vraiment amusée à gravir les dunes, à traverser les déserts, à longer les plages infinies, à traverser les villages reculés, seule la plupart du temps dans ces étendues sèches à perte de vue. J’ai appris à accélérer dans le sable mou, à m’arrêter uniquement sur des zones plus dures. Il m’a parfois fallu chercher des traces visuelles d’une piste perdue, faire demi-tour de peur de m’être trompée de route, soulever l’arrière de mon quad pour le désensabler … Un petit frisson d’aventure, mon Paris-Dakar à moi !

La plage de Santa Monica : 18 km de velours blanc, ourlé d’un côté par les rouleaux de l’océan et de l’autre par un parterre de plantes grasses rougeoyantes. Pas une seule construction à perte de vue.




Le désert de Chave, une très large bande de dunes entre océan et désert d’argile rouge.






La plage de Chave, très proche de Sal Reil et connue des kitesurfers m’a permis d’approcher les complexes touristiques et leurs ribambelles de transats et parasols, reléguant en périphérie les cabanes des vendeurs de pacotilles.


Le désert de Viana, dunes blanches au milieu d’un canyon digne de l’Arizona.



A aucun moment je ne me suis sentie en insécurité aussi bien seule à parcourir les pistes que la nuit à Sal Reil rejoignant le B&B Salinas depuis le centre. Mes signes de salutations, mes « Bom Dia » sont accueillis et on y répond de même. Il m’arrive très souvent de ne pouvoir échanger avec mes interlocuteurs qui ne parlent que portugais ou créole. Il suffit parfois d’un mot qui me rappelle l’espagnol ou de quelques mots timidement prononcés en français ou en anglais pour qu’un échange s’établisse avec un large sourire de part et d’autre. Les couleurs vives des maisons et la chaleur de ses habitants adoucissent les conditions de vie bien rudes.





La musique est omniprésente : les fanfares s’entraînent, les groupes de musiciens et chanteurs animent les restaurants. Je sens que les festivités du carnaval se préparent …


L’île est également un lieu de ponte des tortues et un lieu de passage des baleines à bosse mais malheureusement ce n’est pas la saison actuellement. Les tortues s’installent ici de juin à octobre : les bébés rejoignent l’océan entre fin septembre et fin décembre.
Une île finalement tout en contraste, nonchalante et sportive à la fois, touristique mais qui a encore de très larges zones sauvages préservées, assurément très saharienne.