Epargné par le tourisme de masse, bercé les mornas et coladeiras de Césaria Evora, le Cap Vert dévoile des paysages sublimes où la montagne se jette dans la mer, où au détour d’un sentier apparaît un village coloré agrippé aux rochers, ou un village de pêcheurs dans lequel flâner. Effervescence de la végétation tropicale ou canyons arides, silhouette noire d’un volcan, plage de sable noir ou blanc : contraste des couleurs, des paysages et des cultures dans ce merveilleux archipel aux dimensions si humaines, aux habitants si chaleureux.
Balayé par les vents, les alizés en particulier qui y amènent les voiliers en partance pour les Amériques, mon voyage dans les îles du Cap-Vert m’a enchantée et captivée par ses paysages contrastés, lunaires ou luxuriants, les innombrables activités de plein air qui s’y pratiquent et la culture métissée qui règne dans cet archipel d’influences européennes, africaines et latines.
Sal, Boa Vista et Maio, les îles les plus à l’Est, les plus proches du Sénégal, sont les îles de sable où déserts, dunes et plages immaculées s’étendent à perte de vue. Fogo au sud et Santo Antao au nord sont les îles escarpées, paradis des randonneurs qui peuvent emprunter les chemins de muletiers pour se rendre de village en village dans les recoins les plus reculés accessibles uniquement à pied. Il y a aussi Brava et Sao Nicolau que je n’ai pas eu l’occasion de découvrir.
Avec les Iles Canaries, Madère et les Açores, l’archipel du Cap Vert constitue la Macaronésie. On retrouve d’ailleurs aux Iles Canaries cette diversité de relief, tantôt de sable tantôt de volcan, sèches, ventées, avec une végétation variée. Avec Madère, le point commun, ce sont les « ribeiras » profondes et cultivées, les canaux d’irrigation qui serpentent entre les terrasses, la végétation tropicale.
Avec sa dizaine d’îles toutes si différentes, l’archipel Cap verdien nécessite du temps pour se dévoiler ou de faire des choix. Dans tous les cas la logistique est conséquente : il faut prendre des vols ou des ferries, organiser des transferts … Les compagnies aériennes locales ne sont pas fiables : les annulations de vols sont fréquentes. ll faut être souple et être en mesure de changer ses plans au dernier moment. Fort heureusement le système des « aluguer » ces minibus qui partent à toute heure dès que le chauffeur estime qu’ils sont suffisamment plein, est un moyen économique et souple de se déplacer dans les îles. Avec booking.com et airbnb.com, il est devenu facile de trouver des hébergements disponibles : au Cap Vert, les hébergeurs référencés sur Booking.com demandent à être payés en escudos. Connaissant les marges que prennent ces plateformes, dans un souci de développement durable, il est préférable de contacter directement les hébergeurs. Ceux-ci sont aussi une source d’inspirations et de véritables organisateurs sur lesquels on peut s’appuyer pour organiser ses visites, ses randonnées, ses transferts. Ils travaillent avec un réseau de chauffeurs « d’aluguer » et de guides.
Le Cap Vert est un pays sûr où le voyage en solo au féminin est tout à fait possible. J’ai eu de très nombreuses occasions de me perdre dans les îles ou dans les villes, sur les chemins muletiers aux fins fond des « ribeiras », sans jamais subir des regards lourds, des approches inquiétantes … Bien au contraire, les populations rurales viennent en aide très facilement et même si nous ne parlons pas la même langue, nous arrivons à nous comprendre. Ils parlent tous créole et portugais et certains, plus rarement anglais ou français. L’espagnol peut parfois aider à comprendre quelques mots de portugais. Les hommes jeunes qui parlent anglais ou français, prennent plaisir à engager des conversations toutes simples : « Vous voyagez seule ? D’où venez-vous ? Avez-vous des enfants ? J’ai de la famille en France. »
Les Cap verdiens sont assurément accueillants et chaleureux. Le métissage depuis plusieurs siècles entre portugais, africains, anglais, français a donné naissance à une population de grande beauté. Les hommes sont grands et musclés. Les femmes sont très féminines et sensuelles : le carnaval de Mindelo est une occasion idéale d’en prendre la mesure. La musique s’invite volontiers le soir dans les restaurants, par petits groupes de musiciens et chanteurs, les fanfares répètent dans la rue.
Une destination captivante, rude et chaleureuse à la fois, variée et contrastée, nature et humaine.