50 heures pour faire le Tour du Mont Blanc

En juillet 2017, je décide sur un coup de tête d’approcher le Mont Blanc au plus près et de lui tourner autour. D’où est venue cette envie subite ? Je me pose encore la question … Je n’ai pas le souvenir d’y avoir pensé avant. J’ai certainement eu le besoin de m’ancrer dans la réalité après un gros choc et je n’ai rien trouvé de plus inébranlable que ce massif. Nul besoin d’aller à l’autre bout du monde : il est juste là chez nous, solide, permanent, puissant. J’ai certainement eu le besoin de me prouver que je pouvais le faire, même sans entrainement et dans un drôle d’état. J’ai certainement été appelée par la nature au format panoramique pour évacuer, m’apaiser, me ressourcer. J’ai aussi certainement eu envie de partager ce défi avec ma fille, comme un cadeau et un défouloir bien mérité pour avoir réussi son bac.

4 ans après, je vous emmène parcourir les chemins du GR TMB que nous avons arpentés sur 7 jours à l’aide de l’organisation d’Allibert Trekking. Hébergements réservés au niveau de confort choisi, bagages transportés à chaque étape, un roadbook en poche, c’est avec un sac à dos très léger et les yeux grands ouverts que nous nous engageons pour nos 20 km et nos 900 m de dénivelés positifs quotidiens.

Nul besoin d’une longue marche d’approche himalayenne pour venir tutoyer les glaciers toujours en mouvement, un univers de glace mêlé à celui du granit tel un visage taillé dans des monolithes sombres et acérés, des faces rocheuses verticales. De vallée en forêt, d’alpages en passages de cols, des prairies verdoyantes aux pics très minéraux, des rivières rugissantes aux lacs de montagne … c’est une collection de paysages enchanteurs et de vues à couper le souffle qui s’offre à nous, chaque jour. Telle une éponge, je m’imprègne du moindre détail qui m’interpelle, de la moindre vue qui m’émeut, du moindre chalet d’alpage isolé, du moindre pic dressé tel une canine.

La montagne appartient à ceux qui se lèvent tôt : un petit déjeuner énergisant, un casse-croute dans le sac soit préparé par nos hôtes soit acheté au départ en passant à la boulangerie et à l’épicerie, gourdes et poches à eau remplies, la journée commence toujours par une ascension, puis une succession de cols et enfin une longue descente.

Voici nos étapes sur 7 jours, le tour complet pouvant se faire également sur 9 jours. Nous avons bénéficié de 2 transferts.

1er jour : Saint Gervais les Bains – Col du Tricot – Les Contamines Montjoie (+650/-1300 – 5h)

Nous prenons le célèbre tramway du Mont-Blanc au Fayet à Saint-Gervais-les-Bains jusqu’à Bellevue à 1780 mètres. La randonnée en traversée nous amène très vite dans un site spectaculaire sous le glacier de Bionnassay puis nous montons dans les alpages jusqu’au col du Tricot à 2120 mètres. De là-haut, nous profitons d’un grand panorama sur la vallée des Contamines Montjoie. Le sentier qui descend aux chalets de Miage à 1559 mètres est raide. Nous contournons le Mont Truc pour arriver aux Contamines Montjoie. Hôtel La Gélinotte

2ième jour : Les Contamines Montjoie – Col du Bonhomme – Les Chapieux (+1300/-950 – 6h30)

Nous commençons la journée par la visite de Notre Dame de la Gorge, une belle église baroque nichée dans au fond de la vallée, un endroit imprégné d’une ambiance d’une autre époque. La randonnée se poursuit en gravissant la majestueuse voie romaine, un chemin ancestral emprunté jadis par les colporteurs pour relier des vallées alpines. La montée est progressive vers le col du Bonhomme à 2329 mètres. Le passage à cheval entre le massif du Mont Blanc et le massif du Beaufortain est superbe. L’ascension vers le col de la Croix du Bonhomme se poursuit jusqu’à 2433 mètres d’où on profite d’un panorama sur le Mont Pourri culminant à 3779 mètres. Nous descendons ensuite à travers l’alpage jusqu’au typique hameau des Chapieux dénommé également la ville des glaciers à 1800 mètres. Auberge de la Nova

3ième jour : Les Chapieux – Col de la Seigne – Val d’Aoste (Italie)- Refuge Bonatti (Italie) (+1150/-900 – 6h)

La journée commence par une montée vers les alpages en direction du col de la Seigne à 2516 mètres jusqu’à la frontière italienne. Les versants du massif deviennent plus qu’imposants. Des sommets de légende se dévoilent : le Mont Blanc de Courmayeur, la Noire de Peutrey, les Grandes Jorasses semblent être à deux pas. La vue est splendide. Nous descendons le Val Veny au pied du glacier du Miage et de son lac bucolique et sa flore alpine. Nous empruntons un transfert en bus pour nous rendre à Courmayeur, capitale des Alpes italiennes, à 1226 mètres. Après la traversée du val Ferret, nous montons au refuge Bonatti.

Je me souviendrai toujours du Val d’Aoste dominé par les pics enneigés du Cervin, du mont Rose et du Grand Paradis et de ce refuge, face au glacier suspendu Pré de Bar et au Mont Dolent (3823 mètres), un panorama grandiose. Un écran géantissime : j’ai l’impression d’avoir le nez sur l’écran ! La nuit, une minuscule bulle de lumière accrochée à la paroi vertigineuse m’intriguait : c’était certainement une tente igloo mais comment est-ce possible ? La qualité des refuges italiens est légendaire : confortable et on y mange vraiment très bien. Nous avons partagé notre repas avec un couple nord-coréen venu juste parcourir une étape du TMB dans son périple en Europe. Refuge Bonatti

4ième jour : Val d’Aoste – Valais – Col Ferret – Champex (Suisse) (+800/-900 – 5h)

Nous passons le col Ferret à 2537 mètres et descendons par les doux alpages suisses cheminant jusqu’au hameau Ferret. Un court transfert en bus nous permet de rejoindre le village de Champex en Suisse et son petit lac. Pension en plein air.

5ième jour : Champex – Alpage de Bovine – Trient (Suisse) (+700/-800 – 5h30)

Nous découvrons avec ravissement les alpages suisses célèbres pour leurs vaches qui produisent des fromages reconnus des Alpes. Des Bovines, la vue sur la vallée du Rhône et du Valais est incomparable. Nous terminons la journée au village de Trient. Hôtel de la Grande Ourse

6ième jour : Trient – Col de Balme – Le Tour (+1150/-950 – 6h)

Nous gravissons les pentes en direction de la frontière française jusqu’au col de Balme à 2191 mètres. Le panorama sur la vallée de Chamonix et sur le sommet du Mont blanc, la mer de Glace et le glacier d’Argentière est grandiose. Nous descendons jusqu’au Tour à 1453 mètres par une piste à travers les alpages. Chalet Alpin du Tour

7ième jour : Le Tour – Lac des Chésérys – Lac Blanc – Chamonix (+1150/-600 – 7h)

Cette journée est inoubliable : nous terminons en beauté le tour par une randonnée dans le massif des Aiguilles Rouges face au massif du Mont Blanc. Rien que cela ! Le point de vue est incroyable sur les glaciers et les sommets. Depuis le col des Montets à 1461 mètres, le sentier chemine en balcon vers les lacs de Chéserys, célèbres pour refléter les sommets les plus connus des Alpes. Et ce n’est pas fini : après une échelle, seul passage un tantinet délicat du tour, nous voici au pied du non moins célèbre lac Blanc à 2352 mètres. Ensuite, nous entamons une descente à pied jusqu’à la Flégère puis en téléphérique jusqu’à Chamonix où nous attend un taxi avec nos bagages.

Le tour du Mont Blanc est une randonnée sans grande difficulté dans un cadre spectaculaire. Certains viennent du bout du monde pour l’arpenter : nous avons l’immense chance qu’il nous tend les bras à quelques heures de train ou de voiture de chez nous. Il suffit d’une semaine et de 50 heures de marche pour parcourir les 170 km et gravir puis descendre 8000 mètres de dénivelé. Les hébergements confortables et la possibilité de randonner léger facilitent grandement le parcours. Il n’y a plus qu’à profiter du spectacle.