De Savoie (73) en Isère (38), par le GR 738, d’Aiguebelle à Vizille, ce sont 130 km d’itinérance sur 9 jours et 10 800 m de D+. Encadré par la Maurienne à l’Est et la Chartreuse à l’Ouest, Belledonne est un massif tout en long orienté Nord-Sud, structuré autour d’une ligne de crête centrale oscillant entre 2500 m et 2977 m d’altitude avec comme point culminant, le Grand Pic de la Croix de Belledonne. Ici pas de pics enneigés ni de glaciers. Cet itinéraire est peu couru et plutôt sauvage. Il faut faire attention à l’eau : elle peut être rare sur certains passages en été.
Je réalise cette traversée avec Gaëlle et Quentin en août 2020, juste après le tour des Ecrins.

- Aiguebelle – Le Pontet (14 km – 7h – 1250 m D+ – 700 m D-)
- Le Pontet – La Perrière (17 km – 8h – 1800 m D+ – 800 m D-)
- La Perrière – Collet d’Allevard (17 km – 7h – 1350 m D+ – 1350 m D-)
- Col de Claran – L’Oule (20 km – 8,5h – 1350 m D+ – 1400 m D-)
- L’Oule – La Martinette (11 km – 6h – 750 m D+ – 1550 m D-)
- La Martinette – Les 7 Laux (10 km – 4h – 100 m D+)
- Les 7 Laux – Jean Collet (18 km – 9h – 1350 m D+ – 1500 m D-)
- Jean Collet – La Pra (6 km – 5h – 950 m D+ – 800 m D-)
- La Pra – Chamrousse
Dès la 2ième étape, à La Perrière, on expérimente les refuges non gardés entretenus par les randonneurs eux-mêmes et une association locale dénommée « Tous à poêle » : on y trouve une pièce de vie avec une grande table, des bancs, un poêle et, à l’étage, une mezzanine avec des matelas alignés. Pas d’électricité, pas d’eau à cette période de l’année. Pour avoir un repas chaud, il faut commencer par couper du bois à la hache et vite allumer le poêle.
Dans tous les gîtes et refuges, on trouve un dortoir très simple mais surtout un excellent repas bien complet, bien revigorant, copieux, varié et délicieux. Et une arrivée pas trop tardive dans l’après-midi c’est le gage d’une gourmande tarte aux myrtilles. Je me souviendrai particulièrement de celle au refuge de l’Oule suivie d’une toilette vivifiante dans la rivière qui descend tout droit des sommets. La soirée est belle avec sa lumière chatoyante : la compagnie de 3 randonneurs alsaciens avec lesquels on chemine depuis 2 jours est fort agréable. Un délicieux et immense plat de crozets artisanaux accompagnés d’un gâteau aux noix pour faire le compte nous calent bien pour la nuit. Les propriétaires y gardent également un troupeau de moutons.


L’étape vers la Martinette, tout en balcon avec vue sur le massif de la Chartreuse, nous offre une vue époustouflante. On rencontre très peu de personnes en chemin et la nature à perte de vue pour nous seuls est un cadeau de la vie.






Les bivouacs sont possibles dans ces sites enchanteurs au bord de petits lacs ou dominant la vallée. Je ne vous cache pas que les bains de pieds meurtris dans le courant froid de la rivière font partie des étapes plaisir.
L’étape phare de l’itinéraire c’est les 7 laux : un chapelet de 7 petits lacs dans le plus grand desquels on s’est baigné en fin de journée comme si on était en Méditerranée. Assurément la meilleure douche de la traversée. On y a vu également passer les trailers de l’Echappée Belle dont les plus rapides parcourent en 24 h sans dormir ce que nous avons fait en 10 jours !





Je me souviendrai du col de la Vache – un immense pierrier aussi long à monter qu’à descendre, hyper traitre pour les chevilles – et derrière, il faut encore enfiler le pas de la Coche et le col de la Mine pour arriver au refuge Jean Collet : une très belle étape qui se mérite avec ses 9h de marche et ses 1350 m de montée et ses 1500 mètres de descente.







Nous avons ensuite choisi une étape hors GR pour monter au point culminant du massif, le Pic de la Croix de Belledonne à 2900 mètres en passant par le col de Freydane. Pierriers, névés, lacs … on passe au-dessus de la mer de nuages pour atteindre le sommet en haut duquel on profite de la vue sur la Meije et les Ecrins. Grand panorama ! Des bouquetins gambadent par ici. En redescendant, entre les névés, Gaëlle n’a pas résisté à une petite baignade revigorante dans un lac à 2700 mètres d’altitude, très rapide quand même. Elle a fait des émules. Voilà une étape bien différente des précédentes et bien amusante.











La brume qui nous enveloppe sur le chemin de la descente cache un trésor que nous soupçonnons à peine jusqu’à ce le soleil perce et dévoile soudain un lac vert émeraude adossé à une paroi rocheuse.
Nous écourtons la dernière étape en nous arrêtant à Chamrousse plutôt qu’à Vizille. On nous a dit qu’elle était très longue, très cassante pour les genoux et sans grand intérêt.
La Haute Route de Belledonne est un itinéraire sauvage et peu fréquenté qui regorge de curiosités naturelles. J’ai été émerveillée par les 7 Laux : un havre de paix et de sérénité.