4810 mètres … c’est comment là-haut ?

Ta masse blanche domine. Ta puissance s’impose. Au point où on se sent minuscule en te regardant. Ton relief dessine tantôt des courbes tantôt des amas chaotiques. Laissant imaginer que le chemin sera jonché de défis variés et insoupçonnables. Tu fais rêver et tu fais peur à la fois. Tu es convoité mais ne te laisse pas envahir. Tu te fais désirer et c’est excitant.

25 Juillet 2018 à 12h

Sous un grand soleil et une douceur incroyable nous voilà arrivées au sommet du Mont Blanc ! Gaëlle et moi, guidées par Sophie, nous nous retrouvons tout là-haut, le cœur battant et les larmes aux yeux. Je suis submergée d’émotions : une immense satisfaction pour avoir réussi et une profonde humilité devant la puissance de la nature. On a beau tourner et chercher du regard, il n’y a absolument rien de plus haut. On domine tout à en avoir le tournis. Ici rien d’artificiel : tout est pur. Mon regard se perd dans les pentes de part et d’autre. Tout au bout, très loin, la vallée, s’imagine plus qu’elle ne se voit. Le sommet du Mont Blanc est un dôme vaste et accueillant. On s’y déplace en sécurité. Près de 3 ans après, je me souviens de ces instants comme si c’était hier, tellement c’était fort.

Je rembobine le film ….

Refuge du Goûter : 2 heures du matin

La nuit a été courte. Nous nous levons et prenons un petit déjeuner avant d’attaquer, à la frontale, crampons aux pieds, des pentes douces. Nous prenons un rythme tranquille et régulier vers le dôme du Goûter à 4304 mètres. La notion du temps nous échappe littéralement dans la nuit. Nous flottons comme dans un rêve : j’y suis vraiment là ? Qu’est ce que je suis en train de faire ? Au petit matin, quand le soleil pointe, nous arrivons au refuge-bivouac Vallot : il est non gardé et sert d’abri aux alpinistes en cas de difficulté. Face à nous, l’aiguille du Midi.

Gaëlle commence à avoir mal à la tête. Sophie lui donne un doliprane et lui recommande de boire régulièrement par petites gorgées. On a pris le temps de s’habituer à l’altitude : ces derniers jours nous nous sommes initiées à l’alpinisme jusqu’à atteindre le sommet du Grand Paradis (4061 m). Du coup Gaëlle prend sur elle et persévère. Beaucoup abandonnent là. Je me sens parfaitement bien. La météo est magnifique : il ne fait même pas froid.

L’arrête des Bosses est face à nous : le sommet se rapproche

Pendant quelques heures, nous sommes littéralement entre ciel et terre sur une arrête magnifique et parfois aérienne. Le chemin est étroit : la pente de part et d’autre est sans concession. L’arrête étant exposée, la concentration est maximale. A la demande de notre guide, la corde est bien tendue entre nous.

Après une ultime bosse, l’arrête s’évase et le sommet apparaît, vaste et accueillant. Bienvenue à 4810 mètres ! L’émotion est intense : les larmes de joie coulent sous mes lunettes.

Sophie guette les nuages et nous presse un peu pour redescendre. Notre regard épouse pleinement l’immensité blanche : nous n’avons plus besoin de regarder nos pieds, ni d’être concentrées sur notre effort et notre respiration … C’est le moment de profiter d’être là !

Une journée d’approche, une matinée d’ascension et une descente en 2 étapes

Nous sommes parties des Houches en prenant la télécabine de Bellevue. Le tramway du Mont Blanc étant en panne, nous avons marché jusqu’au Nid d’Aigle à 2372 m. La première étape nous amène au refuge de Tête Rousse à 3167 m.

De là commence l’ascension de la face ouest de l’aiguille du Goûter. Celle-ci démarre par la traversée d’un couloir très exposé aux chutes de pierres. En été il faut le passer le plus tôt possible avant que la chaleur du soleil ne provoque des éboulements qui pourraient être dangereux. Les dévissages accidentels sont fréquents.

Nous suivons scrupuleusement les consignes du guide. Nous rejoignons ensuite un éperon que nous suivons jusqu’au refuge du Goûter à 3817 mètres. Quelques passages nécessitent de poser les mains, des câbles permettent de s’assurer dans les passages les plus raides.

Le refuge du Goûter, de forme ovoïde, en acier inoxydable, couvert de panneaux solaires, au bord de la falaise bénéficie d’une vue exceptionnelle sur les montages environnantes qui semblent bien petites. On pourrait presque toucher le glacier de Bionnassay.

Du refuge de Tête Rousse au refuge du Goûter par le fameux couloir
Le glacier de Bionnassay

La descente d’effectue par le même itinéraire. Après une bonne pause au refuge du Goûter, la descente de l’aiguille du Goûter est très longue car le terrain nécessite beaucoup d’attention.

Au total l’ascension s’est faite sur 3 jours avec une bonne condition physique, une bonne préparation, une belle météo et sans avoir le vertige ! On n’a qu’une vie 🙂

J1 Montée au refuge du Goûter : 6h de grimpe / 1800 m D+ / Altitude maximum 3817 m / Refuge du Goûter

J2 Ascension du Mont Blanc : 6h d’alpinisme / 1000 m D+ / Altitude maximum 4810 m / Refuge de Tête Rousse

J3 Poursuite de la descente